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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 09:01

A une période où la crise économique n’a jamais été aussi étendue, les PME italiennes représentent une véritable force pour l’économie du pays. Des entreprises dont la taille et l’organisation ont longtemps permis une grande réactivité et une flexibilité que ne pouvaient pas avoir les grands groupes. Mais la crise politique sans précédent que connaît l’Italie semble aujourd’hui montrer les limites d’un réseau industriel unique.


Sixième puissance économique du monde, et troisième au niveau européen (après l’Allemagne et la France), l’Italie offre un paysage industriel très diversifié. Les entreprises italiennes occupent notamment une place de choix dans le secteur du textile, de l’habillement, des chaussures et de l’ameublement. Sans oublier une position confortable dans la fourniture de machines industrielles. En revanche, les entreprises italiennes sont moins présentes dans le secteur de la haute technologie, la métallurgie et la chimie.


En 2008, on comptait en Italie près de 4,5 millions d’entreprises industrielles et de services. Mais ce sont surtout les entreprises de petite taille qui constituent la majeure partie de ce tissu économique : les entreprises de moins de 10 salariés représentent près de 98% des entreprises d’Italie et emploient plus de 47% des travailleurs italiens. Et malgré leurs effectifs réduits, ces « Piccole e Medie Imprese » (ou PMI, l’équivalent de nos PME) sont particulièrement compétitives.


Le tissu économique italien est le résultat de l’histoire et de la mentalité de ce pays latin. On remarque d’abord une vraie scission entre le Nord du pays, très industrialisé, et le Sud, où les entreprises s’implantent peu. En effet, avec la présence de la mafia dans le Sud, les entrepreneurs préfèrent s’implanter dans le Nord du pays, qui est alors devenu un vrai moteur de l’économie italienne.


Les PMI, contrairement aux PME françaises, s’inscrivent dans une organisation toute particulière. Le modèle italien est basé sur la création de réseaux : les districts industriels. On en compte aujourd’hui plus de 200, qui peuvent compter jusqu’à 80 000 entreprises (et 1 million de salariés). Les PMI sont regroupées dans ces communautés qui leur permettent de collaborer entre elles, malgré une possible concurrence. Chaque entreprise se concentre sur son activité de spécialisation, et le processus de fabrication est divisé en plusieurs phases nécessitant l’intervention de plusieurs entreprises, en fonction de l’activité et du savoir-faire de chacune d’entre elles. Bien sûr, un tel système nécessite une vraie collaboration et une excellente coordination entre les entreprises : chaque district industriel est administré par une structure organisationnelle (sous forme d’association, de consortium…) qui assure la liaison entre les différentes entreprises du réseau. Une organisation qui permet une vraie flexibilité et une adaptabilité très rapide aux besoins du marché. Ainsi, il est facile pour une entreprise industrielle de se développer sans apport financier important : en apportant son savoir-faire à un district industriel, elle peut profiter d’un réseau commercial déjà établi.


Au sein même de ces différents districts, les relations entre les entreprises sont régies par des règles très inspirées de la culture italienne : une grande importance est donnée à l’entraide et particulièrement à la confiance. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir des relations professionnelles inter-entreprises se tisser sans être basées sur un contrat autre que celui d’une parole donnée. Principalement familiales et non cotées en bourse (pour ne pas avoir à rendre de comptes à des investisseurs qu’elles ne connaissent pas), ces PMI ont également mis en place des partenariats avec les banques locales, qui les soutiennent.


Mais aujourd’hui, confrontées à une crise bancaire et à un endettement très fort du pays, les PMI, et particulièrement les entreprises les plus petites, sont particulièrement touchées. Les PMI ont de plus en plus de mal à faire appel à l’emprunt, car les banques, malgré les partenariats mis en place, ne veulent plus prendre de risques pour soutenir les entreprises. De plus, la petite taille de ces micro-entreprises qui constituent la majorité du tissu économique italien est aujourd’hui un frein dans leur développement : les prévisions financières sont difficiles et il est alors impossible d’investir dans l’innovation ou les nouvelles technologies. Ces micro-entreprises sont aussi également présentes sur les marchés étrangers : ainsi 17% d’entre elles seulement font de l’exportation, contre 51% des entreprises de taille moyenne. Et face à une concurrence accrue des autres états et des pays émergents, ces petites entreprises se trouvent fragilisées. Enfin, les délocalisations, de plus en plus nombreuses, fragilisent la structure même de ces réseaux, en rompant les liens qui existent entre les entreprises.


On assiste donc en Italie à une industrialisation à deux vitesses : d’un côté des entreprises en perte de vitesse, qui n’ont pas su s’adapter à la concurrence des autres pays, et de l’autre côté des secteurs particulièrement développés, qui font preuve de beaucoup d’innovation, d’une forte expansion internationale et d’une grande souplesse rendue possible grâce à leur implantation dans un réseau industriel. Un modèle collaboratif sur lequel il peut être intéressant de se pencher, et pourquoi pas de s’en inspirer pour en prendre le meilleur…

Madeleine de Place


Source : Italian National Institute of Statistics, Istat.fr


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